dimanche, 14 juin 2009
Zombie pride III : sang pour sang déjantée !
Amateur de morts-vivants et autres monstres en tout genre, cet article est pour vous (oh ! Puis les autres aussi). En effet, c'est ce samedi 13 juin que c'est tenu, à Lyon, la 3ème marche zombie organisée par A.O.A Production et en partenariat avec Neo Publishing. Les mêmes qui participèrent, avec l'Institut Lumière à L'épouvantable vendredi.
17:39 Publié dans Insolite | Tags : zombie pride, sans pour sang, déjanté, mort-vivant, guerriers de l'espace, fun, lyon, berges du rhône, zombie day, a.o.a production, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (6)
jeudi, 11 juin 2009
The boat that rocked

Tel est le nom original de la dernière comédie de Richard Curtis : Good Morning England. Le réalisateur de Love actualy et le scénariste de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et Le journal de Briget Jones nous fais vivre un retour dans le temps à l'époque folle du pop/rock des sixties en Angleterre. « Sex, drug and rock'n roll » est un poncif qui convient parfaitement à l'esprit du film. Certes, on à faire à une mécanique bien huilé qui repose sur un schéma cinématographique assez basique que ce soit au niveau du scénario, des personnages ou de la mise en scène. Bref, le cocktail très classique de la comédie à l'anglaise à l'œuvre depuis quelques années déjà. Néanmoins, si ce n'est pas la révélation humoristique de l'année, on passe un bon moment sans se prendre la tête. Une phrase que dit l'un des personnages résume également la démarche du film et pointe, par là même, sa limite : "ce n'est pas simple d'être cool mais c'est cool d'être simple". Un feel-good movie festif sans prétentions donc.
02:35 Publié dans Cinéma | Tags : the boat that rocked, good morning england, richard curtis, comédie anglaise, sex, drug, rock'n roll, rock, poprock, feel-good movie, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (5)
dimanche, 07 juin 2009
Tristes élections pour une si belle Europe

Les élections législatives européennes sont fondamentales pour la construction permanente de cette grandiose entité supra-nationale qu'est l'Europe. Et pourtant, les citoyens européens s'en balancent (honte sur eux !), les partis politiques ne les motivent pas (honte sur eux !! Merci pour l'image lamentable que certains responsables donne à la télévision !), et on ressort les clichés et les vieilles lunes de 2005, lors du débat sur le projet de constitution européenne !
Pourtant, un député européen a plus de pouvoirs qu'un député national. Il vote plus librement, aucune majorité n'est automatique car il faut en construire une chaque fois que l'on adopte une loi européenne. De plus, le Parlement européen est la seule institution démocratique supra-nationale réunissant 27 Etats d'un même continent. Moins l'on vote, plus les administrations et les dirigeants politiques nationaux se sentent libres de décider entre eux pour l'Europe. Plus l'on vote et plus la toute jeune démocratie européenne a des chances de grandir et le point de vue des citoyens d'être pris en compte.
Bref récapitulatif historique afin de se mettre dans l'ambiance. L'Europe est née de pères fondateurs français et allemands, tous démocrates chrétiens-sociaux, comme on disait à l'époque. Ils avaient pour nom Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer. Ils ont évidemment reproduit, à l'échelle communautaire, les idéaux et « réflexes » sociaux qui inspiraient leurs politiques nationales : production, croissance et redistribution.
02:45 Publié dans Actualité | Tags : élections européennes, europe, union européenne, euro, libérale, démagogie, commission européenne, parlement européen, abstention, économie sociale de marché, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (2)
vendredi, 29 mai 2009
Looking for Ken

On cherchai Ken Loach, c'est au festival de Cannes qu'on l'a trouvé. Et à 72 ans, en bonne forme le bougre ! Après le dramatique et sublime It's a free world, Loach repasse derrière la caméra pour nous livrer une comédie assez inattendue et légère : Looking for Eric. Inattendue car, jusqu'ici, Loach nous avais habitué aux drames personnels poignants (My name is Joe, Sweet Sixteen) et à la critique féroce de situations politique hostiles et dérangeantes (Land and Freedom, Bread and Roses, The Navigators, Le vent se lève palme d'or 2006). Inattendue également car c'est mister Eric Cantona la guest star du film et il se montre particulièrement convaincant en coach philosophe essayant de sortir la tête de l'eau d'Eric Bishop (Steve Evets), véritable (anti)héros de l'histoire. Celle-ci peut se résumer à la vie de ce looser pathétique qu'est Eric Bishop, écartelé entre son boulot de facteur monotone, ses deux beaux-fils difficilement supportables, ses potes qui essayent de le faire sourire, sa fille qu'il a du mal à aider et surtout son ex-femme dont il brule encore d'amour. Seul The King Cantona semble pouvoir l'aider à remonter la pente à l'aide d'une thérapie imaginaire à base d'aphorismes bien placés...
Sans mériter le prix d'interprétation masculine, le légendaire numéro 7 de Manchester United, s'en sort remarquablement bien devant la caméra, parfaitement guidé par le réalisateur dont il apprécie, par ailleurs, l'engagement politique dont il fait preuve dans ses films. Excellant dans l'auto-parodie et la maîtrise de soi, Cantona insuffle une énergie et une bonne humeur communicative, autant à Eric Bishop qu'à nous, simples spectateurs amusés et désabusés par tant de second degré so british.
Ecoutons Ken Loach : "Est-ce que Cantona incarne l'inconscient de mon héros ? Je n'ai pas trop envie de creuser la question... Moins j'en sais sur mes propres films, plus je peux imaginer les suivants librement. Je laisse les autres analyser. Je sais simplement que le film raconte à quel point cet homme n'est pas devenu la personne qu'il aurait pu être. Il montre comment il en est arrivé là, et comment il peut s'en sortir... Avec Cantona comme référence. "Looking for Eric" c'est surtout le portrait d'un homme qui est aussi grand-père. C'est un homme qui, au départ, est déconnecté de tout et de tous. J'observe comment il redevient un élément moteur au sein d'une famille. Avec la certitude d'avoir Cantona à nos côtés, ce qui devenait le plus important, c'était finalement moins de chercher un sujet que de trouver quel pouvait être le coeur du film."
En fin de compte, ce que cherche Eric Bishop ce n'est pas Eric Cantona, l'idole à qui il donne vie, mais lui-même. Retrouver la confiance qu'il détenait auparavant, la joie de vivre et la force de surmonter les obstacles lui barrant la route de son bonheur propre et familiale. L'unité permet de supporter les difficultés.
Ken Loach encore : "Dans la vie, comme au foot, ce qui fait le plus progresser, c'est l'équipe. Pour marquer, il faut qu'un autre vous passe la balle. Il y a peut-être des gens qui s'accommodent de leur solitude mais je pense que l'homme est fait pour avoir quelqu'un qui l'aime à ses côtés, des amis, un entourage... [l'homme est le seul animal politique] Et que les uns et les autres, on se fait des passes. On devrait en tout cas. Et "Lookin for Eric", c'est ça."
Encore une fois, malgré la rupture de genre, Ken Loach nous prouve son savoir-faire indéniable pour créer des univers à la fois terriblement réels et attachants. Sans atteindre la qualité de ces précédents films « pessimistes » (drames politiques sur fond de réalisme social), on passe un bon moment devant cette comédie parfois hilarante (la séance de psy collective, la scène du pub ou l'opération Cantona). Pas question de chercher de chercher des invraisemblances suspectes ou un message fort, tout est question d'humanité. Don't forget: « it's not a man, it's Ken Loach ! »
Sylvain Métafiot
01:40 Publié dans Cinéma | Tags : ken loach, eric cantona, comédie, eric bishop, hilarant, second degré, humour british, foot, manchester united, coach, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (1)
mardi, 26 mai 2009
L’Université : amour du savoir et anti-compétitivité

Je ne me retiens pas. Après plusieurs mois d'une lutte acharnée (qui n'est pas près de finir) des enseignants-chercheurs et des étudiants contre les réformes gouvernementales (voir l'article http://www.mapausecafe.net/archive/2009/02/11/sarko-le-py... ), l'édito de Bernard Maris (alias l'économiste Oncle Bernard pour les habitués) dans Charlie Hebdo (20.05.2009) fut tellement jouissant à lire (aussi bien que ceux du regretté Philippe Val) que je ne résiste pas, donc, à vous le livrer dans son intégralité. Cela dénote, encore une fois, une certaine flemmardise de ma part, j'en suis conscient (quoiqu'il faut se le retaper en entier le texte, hé !). Régalez-vous donc : « Etudiants, jouissez de la fac, profs, faites votre nuit du 4 août ! »
01:25 Publié dans Actualité | Tags : l’université, l’anti-compétitivité, pécresse, rentabilité, erasme, europe, sarko, bernard maris, facs, grève, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (10)
samedi, 23 mai 2009
Antigone aux Célestins
Du mercredi 13 au samedi 23 mai 2009, le théâtre Lyonnais Les Célestins, accueillent un classique de la dramaturgie antique : Antigone de Sophocle (nouvelle traduction de Florence Dupont).
Sophocle, sans doute le plus grand tragédien athénien, obtient un succès à l'image de la grandeur de la cité. À 30 ans, il remporte un concours dramatique face à Eschylle et, dès lors, enchaîne les concours avec une régularité et un éclat jamais démentis. Avec cent vingt-trois tragédies dont seulement sept nous sont parvenues, tel Antigone et Œdipe Roi, Sophocle a donné sa forme définitive au genre tragique. Il poursuit l'œuvre d'Eschylle en faisant passer le nombre de comédiens de deux à trois et a développé la trilogie libre où chaque épisode est indépendant des autres. Si la vie de Sophocle est placée sous le signe de la lumière, il n'en va pas de même pour ses personnages, écrasés par leur destin et sombrant toujours plus dans l'obscurité, à l'instar de Œdipe, roi condamné par les dieux à la cécité.
04:24 Publié dans Actualité | Tags : antigone, célestins, sophocle, rené loyon, théâtre, tragédie, créon, oedipe, Étéocle, polynice, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (6)
dimanche, 17 mai 2009
L'épouvantable vendredi : Carpenter's night

Vendredi 15 mai, à l'Institut Lumière, s'est tenu un évènement annuel fortement apprécié des cinéphiles Lyonnais en manque de sensations fortes : L'Epouvantable Vendredi. Soit une soirée de 20h à 3h du matin consacrée à l'horreur et l'épouvante. Cette année l'Institut rendis hommage à John Carpenter. Elève d'Orson Welles à la Fac, admirateur d'Howard Hawks dont il signera le remake moderne de Rio Bravo avec Assaut en 1976, musicien de presque tous ses films, personnage horriblement incorrect à l'origine du plus célèbre Slasher avec Halloween, du dyptique New-York 1997 et Los Angeles 2013, maître infréquentable du fantastique avec plus de 100 films (entre réalisation, production et scénario) il est l'un des rares cinéastes à contenter tout le monde, de Mad Movies aux Cahiers du cinéma. Comment fait-il ?
Quelques réponses furent apportées ce vendredi avec trois films radicalement différents : un chef-d'œuvre d'épouvante cérébrale, un cauchemar enragé et une série B méga déglinguée. Du pur Big John !
21:48 Publié dans Cinéma | Tags : épouvantable vendredi, john carpenter, vampires, l'antre de la folie, le prince des ténèbres, films d'horreur, épouvante, lyon, soirée spéciale, fantastique, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (6)
lundi, 11 mai 2009
« Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à l'égratignure de mon doigt »
Cette phrase est celle du philosophe David Hume. Elle est décryptée par François Lamoureux (Philosophie Magazine n°7) : « Pour le penseur écossais, la raison n'a aucun pouvoir sur nos passions, notamment sur l'égoïsme. Au risque de nous mener au chaos.

« Enfin un philosophe sincère », murmureront certains. Il fallait de la jeunesse et un peu de folie pour oser faire une telle déclaration d'amour à l'égoïsme. Du haut de ses 26 ans, en plein siècle des Lumières, l'Écossais David Hume n'a pas hésité. Est-ce par goût du paradoxe qu'il fait mine, dans son Traité de la nature humaine, de cautionner un individualisme porté à l'extrême, qu'il prétend préférer la destruction universelle à un léger désagrément ? Ou bien exprime-t-il cyniquement le sentiment de celui qui cherche en lui-même une raison d'agir vertueusement... et n'en trouve finalement aucune ? Quel soulagement alors de voir rompue la longue chaîne des philosophes sévères et moralisateurs !
Si la raison elle-même nous engage à faire primer notre plaisir sur tout autre motif, nulle autre instance, a fortiori, ne saurait désormais nous reprocher d'agir au mépris de la morale. Vice et vertu n'ont plus à être distingués, et nous sommes libérés des pesanteurs du devoir. Le philosophe semble même aller plus loin : « La raison, affirme-t-il dans la suite de l'ouvrage, est et ne doit qu'être l'esclave des passions. » David Hume annoncerait l'anti-humanisme d'un Dostoïevski : « Que s'écroule l'univers pourvu que je boive toujours mon thé », affirmait le narrateur des Carnets du sous-sol.
En réalité, même si Hume exprimera tout au long de sa vie les opinions les plus provocantes sur la religion, le suicide, l'identité personnelle ou les principes de la connaissance, au point de réveiller Kant de son sommeil dogmatique, cette formule ressortit davantage au constat qu'à l'incitation pousse-au-crime. Ouf ! Reste qu'elle ne perd rien de sa radicalité. Depuis ses origines, la philosophie confie à la raison la mission d'édicter les valeurs morales et de les faire respecter contre nos passions égoïstes. On suppose donc que la raison puisse influer sur nos passions. Or c'est précisément ce que conteste Hume. La raison n'est pas égoïste, elle n'a tout simplement aucun pouvoir sur la morale. Elle doit comprendre qu'elle est totalement impuissante à diriger ou même à régler notre conduite et nos passions. Son domaine d'intervention est le vrai et le faux, pas le bien et le mal. Le problème est d'imaginer une vie en communauté possible si chacun suit librement ses passions. Ce serait oublier que, si la raison ne peut s'opposer aux passions, une autre passion le peut. Pour nous qui sommes caractérisés à l'origine par l'amour de soi et une « générosité limitée » à nos proches, le rôle de l'art politique est de faire servir nos passions à la communauté. On peut donc envisager une vie à peu près harmonieuse avec ses semblables sans intervention directe de la raison sur les passions.
Certains scientifiques contemporains semblent avancer dans le sillage de Hume. Dans Le Gène égoïste, le sociobiologiste Richard Dawkins suggère que les gènes utilisent les individus dans le cadre d'une lutte pour la reproduction et la sélection naturelle. Les comportements égoïstes, que le philosophe écossais considérait comme irréductibles dans la nature humaine, se retrouveraient aussi au niveau cellulaire ! Il ne serait pas contraire à la rationalité naturelle de préférer la destruction du génome humain à l'égratignure d'un de mes acides aminés. Décidément, Hume demeure un penseur dangereux. »
A Noter que vous pouvez retrouver David Hume sur France Culture en téléchargeant ou écoutant l'émission Les nouveaux chemins de la connaissance, présenté par Raphaël Enthoven : http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture/emissi...
Sylvain Métafiot
12:56 Publié dans Littérature | Tags : philosophie, david hume, penser écossais, françois lamoureux, philosophie magazine, raison, passions, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (1)
dimanche, 03 mai 2009
Eloge de France Culture
Dans l'océan de conneries qui nous submerge parfois, que ce soit à la télé, à la radio, dans des feuilles de chou ou dans notre entourage, on trouve quelques perles de ravissement intellectuelles. Parmi elles, France Culture se classe sur le haut du podium radiophonique.
Certes, on pense tout de suite au gros mot à la mode : élitisme. Oula ! Une radio qui se démarque des plébéiennes vulgarités du tout venant médiatique. Rendez-vous compte ! Mais, malgré quelques rares attitudes en forme de « je te regarde de haut », France Culture est plus que nécessaire de par sa dissidence vis-à-vis du flot inepte des médias.
Elle n'a pas d'équivalent dans le monde. Elle procède d'une gestion pacifiée du minutage et du rythme, seul moyen de s'affranchir des halètements stériles du chronométrage médiatique. Emancipée des sottes tyrannies de l'audience elle s'éloigne ainsi du formatage rhétorique et de l'affaissement de l'intelligence.
mercredi, 29 avril 2009
Les paranos ne datent pas d'hier
Emmanuel Kreis, chercheur en science religieuses à l'Ecole pratique des hautes études, publie Les puissances de l'ombre. Juifs, jésuites, francs-maçons, réactionnaires... La théorie du complot dans les textes (CNRS Editions), un florilège édifiant (et terrifiant) de falsifications utilisées à des fins politiques. Dans une interview à Charlie Hebdo (14/01/2009) il montre que les théories conspirationnistes ne sont pas nées avec le 11 septembre (à ce sujet voire l'article http://www.mapausecafe.net/archive/2008/09/11/les-paranos... ) mais sont récurrentes au cours de l'histoire, dès qu'il s'agit de trouver un bouc émissaire :

« Avant le XIXème siècle, ce sont surtout les francs-maçons qu'on accuse de comploter. Il y a eu aussi les Templiers, les jésuites, les protestants. En 1789 des théories conspirationnistes sont élaborées aussi bien par les révolutionnaires que par les contre-révolutionnaires. À la fin du XIXème siècle, ce sont souvent les occulistes qui sont visés, parce qu'ils étaient très à la mode à cette époque, via le mouvement martiniste, et l'Eglise leur reprochait d'oeuvrer pour le Diable. Puis il y a eu les anarchistes, à la suite d'attentats qu'ils ont commis à Montceau-Les-Mines en 1882, et aussi les communistes, notamment aux Etats-Unis pendant la guerre froide. Bien qu'elles soient fantasmées, les théories conspirationnistes entraînent des conséquences bien réelles : par exemple, dans l'Espagne franquiste, les francs-maçons pouvaient être exécutés sommairement.
Au XIIème siècle, par exemple, à Norwich, en Angleterre, un enfant est retrouvé tué. On accuse aussitôt les Juifs d'avoir réalisé un crime rituel, commandité par un conseil secret de Juifs à Narbonne. Ce sont des prémices, mais le premier texte faisant véritablement l'état d'un complot juif n'apparaît qu'en 1830.
Les théories du complot sont toujours une arme politique. Prenons l'exemple de la Révolution française. Les révolutionnaires, Saint-Just entre autres, accusent les émigrés ou la noblesse étrangère de comploter. Cela leur permet de désigner un ennemi, et également de répondre à un éventuel échec, en disant : « on » nous a empêchés de réussir. Chez les contre-révolutionnaires, c'est différent. Les théories du complot s'ajoutent à la théorie dimension divine. Ils voyaient tout à travers Dieu, et la révolution est un événement brutal qui modifie la société. Est-ce que Dieu peut abandonner la société ? Non, donc c'est forcément un complot diabolique.
Néanmoins, sous l'épaisse couche de fantasme, il y a, dans certains cas, une part de vérité dans ces théories. Par exemple, dans les années 1930, on trouve des théories du complot concernant les communistes. De fait, elles n'étaient pas complétement infondée, car le but des communistes était bien la prise du pouvoir. A coté de ça, il y a évidemment beaucoup de théories fausses de bout en bout, dont les Protocoles des sages de Sion sont l'archétype. Mais entre ces deux extrêmes il y a toute une gamme de théories intermédiaires mêlant une part de réalité au fantasme le plus pur.
Pendant la Seconde guerre mondiale, les milieux collabos parisiens ont développé l'idée de la « synarchie », société secrète d'énarques qui seraient manipulé par les banques internationales et les Juifs. C'est là qu'apparaît l'idée d'un complot fomenté par une élite de technocrates. La théorie a perduré après la Libération, quand elle a été reprise par les milieux communistes qui y voyaient un complot fasciste. Cela montre à quel point les mêmes thèmes se transforment et sont repris par les uns ou les autres.

La plupart des textes conspirationnistes proviennent à l'époque de mileux catholiques traumatisés pa r la Révolution. Il y a cependant des théories conspirationnistes de gauche. Par exemple, de 1870 à 1914, les républicains vont inventer des théories d'un complot fomenté par les cléricaux et les jésuites.
Aujourd'hui, le complot le plus à la mode est l'idée que le 11 septembre est un coup monté [rumeur propagée par l'extrême droite américaine et européenne et les mileux islamistes] mais les théories les plus anciennes perdurent. Ainsi, le complot jésuite se retrouve d'une certaine façon dans le succès du Da Vinci Code, qui met en scène une conspiration de l'Opus Dei [organisation réellement intégriste]. Les mouvements new age ont repris le thème du complot extraterrestre, qui était en vogue aux Etats-Unis dès les années 1950. Dans certains milieux d'extrême droite, on parle beaucoup des « Illuminati », qui seraient la structure supérieue d'une organisation visant à dominer le monde. »
Comme le dit le journaliste, Antonio Fischetti, « il ne suffit pas à une théorie d'être farfelue pour être conspirationniste. Elle doit s'imaginer une organisation transnationale, avec des manipulateurs cachés au sein d'une structure de forme pyramidale, qui ont pour but un changement radical de la société. Même si, au cours de l'histoire, il y a eu des conspirations parfaitement réelles, une « théorie du complot » comporte toujours une dimension fantasmée et délirante. Avec, le plus souvent, des morts à la clé. Finalement, les théories conspirationnistes tuent bien davantage que les vrais complots. »
Sylvain Métafiot
01:20 Publié dans Actualité | Tags : paranos, conspirationnistes, théories du complot, opus dei, emmanuel kreis, 11 septembre, templiers, complotistes, bouc émissaire, charlie hebdo, francs-maçons, sylvain métafiot | Lien permanent | Commentaires (2)